- HEIDELBERG
- HEIDELBERGHEIDELBERGSituée dans le Land de Bade-Wurtemberg, sur le Neckar, non loin de sa confluence avec le Rhin, la ville de Heidelberg (138 000 hab. en 1990) ne prend son importance qu’en 1228, lorsque l’Électeur palatin en fait sa capitale; elle est dominée par un château, situé à flanc de colline et constitué par des bâtiments divers construits du XIVe au début du XVIIe siècle; les parties les plus importantes datent du XVIe siècle et offrent de parfaits exemples de la transition typiquement germanique du flamboyant au baroque à travers la Renaissance; cet ensemble, de dimensions considérables, impose son unité dans le composite de ses styles. Le château avait été épargné par les ravages de la guerre de Trente Ans; les invasions françaises de 1689 et de 1693 lui seront fatales; plusieurs tours éventrées par des explosions, la plus grande partie des bâtiments réduits en décombres derrière leurs façades. La ville elle-même sera presque entièrement détruite par incendie. Les Électeurs palatins abandonneront bientôt cette dévastation et, après cinq siècles de résidence, transporteront leur capitale à Mannheim, en 1728. Devenu impropre au séjour des princes, le château délabré deviendra un lieu de pèlerinage pour les poètes, les artistes et les musiciens romantiques qui aimeront à rêver au clair de lune parmi ses admirables ruines.C’est en 1386, sur l’initiative du comte palatin Ruprecht, qu’est fondée l’université de Heidelberg, destinée d’abord à accueillir les maîtres et étudiants allemands, adhérents de l’obédience d’Urbain VI, qui devaient quitter Paris où l’adhésion à Clément VII était presque de rigueur. Le premier recteur de Heidelberg fut Marsile d’Inghen, qui avait été recteur à Paris. Dès le temps du Grand Schisme d’Occident, le succès de la nouvelle université fut grand, et il persista au cours des siècles suivants. L’arrivée, en 1409, de maîtres et d’étudiants chassés de Prague par le patriotisme tchèque de Jean Hus ne fit qu’accroître le rayonnement de Heidelberg.De nouveaux enseignements se développèrent au cours de la seconde moitié du XVe siècle, après l’aménagement d’une bibliothèque universitaire par le comte palatin Louis III, la célèbre bibliothèque Palatine. La philosophie nominaliste perdit son monopole, l’enseignement des lettres anciennes apparut, particulièrement celui de l’hébreu, et un renouveau de la patristique accompagna, à la fin du siècle, la vogue de l’humanisme gréco-latin. En relation avec la cour de l’Électeur palatin, l’université connut son apogée au cours du XVIe siècle, avec Agricola, Reuchlin, Wimpheling. La Réforme y fut introduite en 1556; après la mort de Calvin, la cité devint une seconde Genève (1559-1619). En 1563 y fut rédigé le catéchisme de Heidelberg, synthèse doctrinale de l’Église réformée.La guerre de Trente Ans ruina cette prospérité; Tilly ravagea la cité en 1622, et Maximilien de Bavière, vainqueur du Palatin, fit don de la bibliothèque Palatine au pape: livres et manuscrits constituent dès lors une section de la bibliothèque Vaticane. Un certain nombre d’entre eux revinrent néanmoins à Heidelberg au cours du XIXe siècle. Entre-temps, l’université avait repris son essor et des enseignements originaux — comme celui de droit international, créé en 1661 — assurèrent la réputation de Heidelberg au XVIIIe siècle. C’est alors que l’avènement d’une lignée catholique d’Électeurs favorisa l’instauration d’un dualisme religieux à la faculté de théologie, où les chaires catholiques et protestantes voisinèrent sans notable conflit. Une telle particularité explique que l’université de Heidelberg ait été, au XIXe siècle, un foyer de libéralisme politique et que les idées les plus neuves s’y soient répandues, notamment par l’enseignement de Hegel.Rattachée au Bade depuis 1803, la cité accueille les jeunes romantiques Clemens et Bettina Brentano, Achim von Arnim, Goerres, les frères Grimm. La ville est aussi le foyer d’un mouvement nationaliste: «C’est à Heidelberg que s’est principalement allumé l’incendie allemand qui, plus tard, a chassé les Français» (Stein). Au XIXe siècle, Eichendorff y écrira les dernières strophes lyriques du romantisme allemand. Le 5 mars 1848, une réunion des libéraux du centre et du sud de l’Allemagne y réclame une assemblée nationale allemande et y prépare le Vorparlament de Francfort. Le prestige de la ville se maintiendra grâce aux savants de son université: Helmholtz, Bunsen, Kuno Fischer, Max Planck.Heidelbergv. résidentielle d'Allemagne (Bade-Wurtemberg), sur le Neckar; 136 230 hab.— Université fondée en 1386, haut lieu de la Réforme au XVIe s. Château (XVe-XVIIe s.). Maisons anciennes.
Encyclopédie Universelle. 2012.